L'Hospice de la Charité

Il comprend 1000 lits mais n'est pas, à proprement parler, un hôpital. Il reçoit les vieillards indigents, les infirmes et les incurables. A ce titre, il comporte deux infirmeries, de 26 et 35 Lits. En cas de maladie aiguë, le patient est transporté à L'Hôtel-Dieu.
Il reçoit également les enfants trouvés, abandonnés ou orphelins. Il y existe enfin une section de la Maternité où accouchent les prisonnières et les femmes pauvres.
Dans la première moitié du XVIIe siècle, la misère est à Marseille. "Les rues, les églises étaient encombréesde mendiants, incommodes et criards, souvent hideux, qui faisaient tous leurs efforts pour émouvoir la sensibilité
publique et se vautraient la nuit dans les repères de truands". Misère et insécurité règnent sur la ville..
La Compagnie du Saint Sacrement va entreprendre de s'attaquer à ce problème, en sauvant les âmes, tout en soulageant la misère.
En 1638, Emmanuel Pachier, chanoine théologal du chapitre de la Major, émule de St-Vincent de Paul et membre de la Compagnie du St Sacrement va réunir l'argent nécessaire et créer la maison de la Charité avec l'aide de riches négociants et armateurs de la ville. Il s'agit d'une oeuvre de bienfaisance, destinée "aux pauvres petits enfants, aux vieillards et aux paralytiques dans l'indigence".
Le lieu est idéalement choisi, place de l'Observance, au bord de l'anse de l'Ourse, bien exposé au mistral qui est le meilleur remède pour chasser les miasmes propres à ce type d'établissement.
En juin 1641, c'est une joyeuse procession qui accompagne les pauvres dans leur nouvelle demeure. On y trouve aussi les enfants abandonnés, les vieux en fin de vie, indigents, aveugles et incurables.
Il y a des nourrices pour les enfants au lait. Les recteurs assurent l'administration, se chargeant de trouver un emploi de calfateur ou de mousse pour les jeunes garçons, et de trouver mari aux jeunes filles en les dotant.
Il y aura une école dans l'enceinte de la Charité, et les enfants les plus doués iront à l'Hôtel-Dieu pour apprendre la chirurgie et l'apothicairerie: c'est une authentique oeuvre de bienfaisance.

En 1689, Louis XIV prend la Charité sous sa protection et l'érige en Hôpital Général.
Il s'agit en réalité de renfermer les mendiants qui encombrent la Cité. Les chasses gueux courent la ville pour les attraper et les enfermer dans L'hôpital général où le régime est devenu
quasi pénitentiaire. On est loin de l'esprit des fondateurs. L'œuvre de bienfaisance est devenue un lieu d'enfermement où la discipline est rude.
A la Révolution, on déclare que la mendicité ne doit plus exister, le nom de Charité sonne mal et l'hospice prendra pour quelques années le nom d'Hospice de la Vieillesse et de l'Enfance.
Ne restent à la Charité que les enfants et les incurables dans une espèce de cour des miracles insalubre et nauséabonde. Pour rétablir la discipline, on demande aux sœurs Augustines de venir réorganiser la maison et s'occuper de la "famille".
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La vieille Charité vers 1900
Bibliothèque nationale de France
Gallica.bnf.fr/

Il restera encore longtemps, dans ces salles, des familles pauvres, puis des clochards prendront la relève avant sa transformation en musée et salle d'exposition.

En 1857, le ministre de l'intérieur, choqué par la situation déplorable de l'hospice, ordonne le transfert de cette institution, à "La campagne".
C'est à Sainte Marguerite que la Commission Administrative des hospices et hôpitaux trouve un terrain.
La première pierre de la nouvelle Charité est posée le 4 juin 1885.
L'hospice de la nouvelle Charité n'entrera vraiment en service qu'en 1897, soit 12 ans après la première pierre.
En 1934, un premier service de médecine sera ouvert, et il faudra attendre 1945 pour que s'ouvre le premier service de chirurgie.
Bizarrement, ce n'est qu'en 1958 que Sainte Marguerite perd son nom d'hospice pour devenir hôpital.
L'hospice que l'on appelait la nouvelle Charité est devenu pour tous, l'hôpital Sainte Marguerite.