Poussés par leur esprit d'aventure, des habitants de Phocée, ville maritime ionienne de l'Asie Mineure, équipent une flotte commandée par Simos et Protis.

Longeant la côte gauloise, à quelque distance de l'embouchure du Rhône, ils pénétrèrent dans un petit golfe "sorte de recoin de mer" où ils s'installèrent.

C'est le fameux Lacydon, le Vieux-Port de nos jours.

Ils étaient sur les terres du chef des Ségobriges, Namm. Leur premier soin fut de rechercher l'amitié du chef. Ils lui envoyèrent une députation conduite par Protis.

Ici l'histoire et la légende se confondent pour indiquer que Protis arriva chez Nann au moment où ce prince devait marier sa fille Gyptis. Les chefs de la tribu étaient assemblés; l'usage voulait que la jeune vierge vînt elle-même offrir une coupe à celui des hôtes

de son père qu'elle choisissait pour époux. Quand gyptis entra, à la fin du repas, tenant la coupe pleine, elle fut frappée par la bonne mine et la distinction de Protis; c'est à lui qu'elle présenta la coupe.

Nann accepta le choix de sa fille et accorda aux Phocéens la libre disposition des terrains qu'ils convoitaient et sur lesquels, face au Midi, ils jetèrent les fondements d'une ville qu'ils appelèrent "Massilia". C'était l'an 599 avant
J.-C..

Marseille atteignit à un haut degré de puissance et fut, par sa marine, la rivale de Carthage et des Etrusques dans la mer qui baigne les côtes de la Gaule et du nord de l'Espagne.
Son gouvernement intérieur fut remarquable par sa sagesse et sa douceur.

Le glaive destiné aux exécutions était rongé par la rouille, tant il servait rarement.
Quand un étranger entrait dans la place, il était obligé,s'il portait des armes, de les laisser aux gardiens des portes qui les lui rendaient au départ.
Les Marseillais utilisaient les ressources que la mer leur offait; ils se livraient à la pêche et s'appliquaient à profiter de leur position avantageuse pour le trafic et la navigation. Un arsenal fut créé, puis un chantier de construction dans la presqu'île du Pharo, ainsi nommée parce qu'on y avait fait élever un phare pour guider les navires durant la nuit.

Marseille se donna des lois qui furent longtemps célèbres par leur sagesse et leur prévoyance.

Par ses institutions, par le labeur énergique de ses citoyens, Marseille put être citée dans les premiers siècles de son histoire comme une ville modèle, Cicéron disait d'elle : "qu'elle surpassait en sagesse et en sciences tous les peuples de la Grèce et qu'il était plus facile de louer ses lois que de les imiter".
La prospérité de Marseille lui commandait de veiller à sa sécurité. Pour se défendre contre la jalousie des uns et la convoitise des autres, Marseille s'attacha loyalement et fortement à Rome.