La colline de "La Garde"
De cet évènement désastreux on a cru pouvoir faire dater l’histoire de la colline de la Garde. A en croire d’anciennes chroniques, ses rocs, aujourd’hui âpres et nus, étaient revêtus par la mystérieuse forêt dont parle Lucain au Livre III de sa Pharsale. D’après le poète latin, il y avait près du camp romain un bois sacré si touffu que les rayons du soleil avaient peine à y pénétrer.
Sur lui pesait une telle terreur que les légionnaires frémirent quand ils reçurent l’ordre d’en abattre les chênes; le proconsul se vit contraint de frapper les premiers coups pour raffermir la hache entre les mains de ses soldats.
En réalité, si la mystérieuse forêt n’est pas une simple invention de poète, rien ne permet d’en déterminer l’emplacement.

De même ne saurait-on souscrire à des assertions aussi vagues que celles-ci: après sa victoire, César aurait dédié un autel à Cérès ou à Vesta, sur la colline de la Garde; avant lui, les Phéniciens y auraient élevé un monument du même genre à Baal Milkarth et les Phocéens, un temple à cette déesse Artérmis, qui faisait en quelque façon partie du matériel sacré de toute colonie grecque.


Les Grecs et les Romains ont vraisemblablement utilisé une hauteur si propice à la signalisation optique. Le Grand Cartulaire de Saint-Victor (aux archives départementales des Bouches-du-Rhône) la désigne plusieurs fois sous le nom caractéristique de « Garde », au Xe siècle. Une vigie était dès lors établie sur le sommet d’où se faisaient des signaux annonçant les navires en vue.
Le danger que les pirates barbaresques faisaient planer sur leur rivage dut apprendre aux Marseillais à se « garder » de la mer. Un document du XVIe siècle mentionne la Garde parmi les vigies formant, de la Turbie à la Camargue, un système continu de signalisation.