De la fondation au royaume de Provence

Aussi loin que remontent les souvenirs historiques, la région qui s'appelle aujourd'hui la Provence était occupée par les Celto-Ligures, race fière et vaillante qui maintenait son indépendance contre les tribus sauvages dont elle était entourée et tirait parti, à force de travail, du sol rocailleux qu’elle occupait.

600 Av. J.-C. : Fondation de Marseille par les Phocéens.
La colonie naissante s’accrut rapidement. Les Phocéens entourèrent la ville de murailles ; ils organisèrent sa défense du côté de la mer et construisirent une citadelle. Ils élevèrent un temple à Diane qui devint la divinité tutélaire de Marseille.
En quelques années leur prospérité fut telle que Comanus, fils et successeur de Nannus, en prit ombrage. Comanus, jugeant dangereux le voisinage de ces étrangers, tenta de
s’emparer de la ville par surprise. Sa ruse fut déjouée et les Marseillais se portant en masse vers les montagnes où il s’était établi avec son armée, taillèrent celle-ci en pièces. Comanus périt dans le combat avec 7.000 des siens. Marseille dut lutter ensuite contre la Confédération Ligurienne dont les troupes étaient commandées par Catumandus. Grâce au secours que lui apporta l’armée de Bellovèse, neveu d’Ambigat, roi des Bituriges, la colonie phocéenne sortit victorieuse de cette épreuve.

550 Av. J.-C., La culture de la vigne est introduite par les Phéniciens et les Grecs à Port-Vendres et Marseille.

390 Av. J.-C. Marseille au secours de Rome.
A l'annonce que les Gaulois venaient de pénétrer dans Rome, elle envoya aux vaincus une députation avec tout l'argent du trésor public.

Pythéas Euthymènes
Vers la même époque vivaient à Marseille deux citoyens illustres, sans rivaux dans tout l'Occident par leurs connaissances en astronomie et en géographie : Pythéas et Euthymènes. Ils furent chargés d'explorer les régions encore inconnues de l'Occident.
Pythéas le Massaliote est tout à la fois navigateur, astronome et géographe grec, né à Marseille.
En 350 avant notre ère, par un système aussi simple qu’ingénieux, il calcule la latitude de Marseille, puis découvre que l'étoile polaire n'est pas exactement au-dessus du pôle Nord. Il s'émerveille également à la découverte de l'influence de la Lune sur les marées. Parti de Marseille, il franchit les colonnes d’Hercule (détroit de Gibraltar), navigue plusieurs mois sur l'Atlantique, et entreprend divers voyages. Lors d'un de ses voyages, dans l'Atlantique septentrional, il découvrit l’île de Thulé (nom donné par les Anciens à la plus septentrionale des terres alors
connues, l’une des îles Shetland ou des Féroé).
Sa relation de voyage, "Description de l'océan", nous est connue par des citations de Polybe et de Strabon. Bon observateur, il a décrit les moeurs et coutumes des habitants de l'île d'Albion (Angleterre), et des Goths de la Vistule.
Enthymènes parcourut les côtes occidentales de l'Afrique. Ces explorations furent d'une grande utilité au commerce de Marseille ; elles permirent de découvrir les pays d'où les Phéniciens et les Carthaginois tiraient l'ivoire, la gomme, le miel et les laines et de devenir les rivaux commerciaux de ces peuples.
218 Av. J.-C. : Lorsque Annibal s'avança vers le Rhône pour porter la guerre en Italie, Marseille reçut le consul romain, Publius Scipion qui se présenta avec soixante galères et une légion ; elle lui fournit des vaisseaux et des hommes.

127 Av. J.-C. : Rome secourt Marseille. Les Salyens menaçaient Marseille. Le consul Sextius Calvinus les défit et fonda une ville au lieu où il avait remporté sa victoire et où, sur un terroir fertile, coulaient d'abondantes eaux, dont quelques-unes étaient chaudes. Il appela cette ville Aquæ sextiæ (Aix-en Provence).Contre les Arvernes et les Allobroges, peuples gaulois, ennemis déclarés de Marseille, les consuls Fabius Maximus et Domitius Ænobarbus conduisirent plusieurs expéditions.
Carte Empire Romain Bassin méditerranéen au milieu du 1er siècle avant J.C.

Rome avant le consulat de César 59 av. J.C.

Conquête des Gaules de 58 à 51 av. J.C.

Batailles

102 Av. J.-C. : Les Cimbres et les Teutons, barbares venus de la Germanie et des bords de la mer Baltique, menacent Marseille.
Rome lança une armée sous les ordres d'un grand capitaine, le consul Marius. Marius établit son camp près d'Arles et fit creuser, pour l'alimentation de ses troupes, un canal allant du Rhône à l'étang de Berre et qu'on appela fossæ Mariannæ.
Ce canal donna son nom à la ville de Fos, située à son embouchure. C'est aux environs de Pourrières (près d’Aix) que se produisit la rencontre des deux armées en un choc effroyable. Les Romains aidés des Marseillais remportèrent une victoire éclatante ; ils firent un véritable carnage de leurs adversaires. Une fois encore, Marseille était sauvée par Rome.
César
(Caius Julius Caesar)
Pompée
(Cneius Pompeius Magnus)

49 Av. J.-C. - Marseille prend parti pour Pompée, elle est assiégée par César.
César et Pompée, se disputant le pouvoir suprême dans Rome, entrèrent en lutte. Marseille se déclara pour Pompée.
Romains César essaya d'abord d'attirer les Marseillais à lui par la persuasion ; n'y réussissant pas, il assiégea la ville. Il fit construire douze galères à Arles, les plaça sous le commandement de Brutus Décimus et leur donna l'ordre de bloquer le port.
Les légions romaines,au nombre de trois (18 000 hommes environ), étaient sous les ordres de Trébonius. César, appelé en Espagne, laissa à ses lieutenants le soin de réduire ou d'emporter la place. Un combat naval eut lieu dans la rade de Marseille.
Il ne fut pas favorable à la flotte marseillaise. Pompée envoya alors au secours de Marseille seize galères sous les ordres de Nasidius. La victoire demeura à Brutus. Toutes les galères furent coulées ou prises ; une seule rentra au port apportant la nouvelle du désastre.
Personne ne voulut se rendre et tous les citoyens valides mirent leur énergie à faire face aux assaillants du côté de la terre, où Trébonius poussait activement ses travaux d'approche et ses attaques.Marseille dut capituler après que César, revenu d'Espagne, eut rejoint Trebonius. (César établit son camp non loin de Massalia, le "Campus Julius". Au XIe siècle une église fut consacrée à Saint-Julien et c'est ainsi que, dans ce hameau, on oublia Julius pour Julien.) Marseille fut obligée de livrer ses armes, le trésor public et la citadelle, de démolir ses remparts et de subir une garnison romaine composée de deux légions.
Elle doit d'être épargnée du pillage et de la destruction, non à la grandeur d'âme du futur dictateur, ( il ne s'est pas privé de décimer Bourges ou de brûler Orléans pendant la guerre des Gaules ), mais à sa stratégie politique car, en livrant Massalia à ses soldats,
il risquait de s'aliéner l'opinion romaine, favorable à une si ancienne cité amie. César laissa aux Marseillais le droit de vivre sous leurs lois, de jouir en paix des avantages de leur commerce, mais il leur ravit leur indépendance.
Les Romains établirent un camp, sur une colline proche de la ville, pour surveiller Marseille. On l'appela "la colline de la garde".

288 : Première manifestation du christianisme.
La première manifestation du christianisme à Marseille se produisit sous Maximien Hercule et à l'occasion du martyre de Saint Victor qui eut lieu vers l'an 288.

413 : Premières attaques des Visigoths,(«Goths sages»), anc. peuple germanique faisant partie du groupe des Goths.
Sous la conduite d'Altaulfe, beau-frère de et successeur d'Alaric, ils essayèrent de surprendre et d'enlever Marseille ; ils furent repoussés vigoureusement et durent lever le siège après avoir éprouvé des pertes considérables.
Ataulfe avait été lui-même grièvement blessé.

415 : Fondation de l'Abbaye St-Victor.

480 - 536 : Invasions des barbares en France.
En moins de soixante ans, Marseille sera tour à tour occupée par les Wisigoths, les Burgondes, les Ostrogoths et, enfin se trouvera rattacher à l'empire des Francs.

529 : Concile d’Orange qui reprend en 25 capitula dogmatiques la doctrine augustinienne de la grâce contre le semi-pélagianisme de Fauste de Riez ; condamnation des « prêtres de Marseille ».

533 : Concile de Marseille.

536 : Règne des successeurs de Clovis.
Marseille passa sous la domination mérovingienne.

576 : Le 5 avril (Pâques) L’évêque d’Orléans, (saint) Avit, décide d’inciter les juifs au baptême; un incident éclate et la population menée par l’évêque se rue sur la synagogue et la détruit de fond en comble. Peu après, l’évêque donne aux juifs le choix entre la conversion et l’expulsion. Beaucoup préfèrent se convertir ; les autres quittent la cité pour Marseille.

En 586, la peste s'abattit sur Marseille et la Provence. Elle fut apportée d'Espagne par un navire chargé de marchandises infectées. Le fléau frappa de nouveau la ville en 588 et s'étendit au loin, jusqu'en Italie. Grégoire de Tours dit que: "la ville présentait un aspect affreux et n’était qu’un vaste cercueil". L'évêque Théodore, au cours de l'épidémie, se retira au monastère de Saint-Victor dans lequel la plupart des survivants allèrent chercher un asile.

La Lèpre.
- C'est vers la fin du VIe siècle et au commencement du VIIe, que la lèpre apparut en Provence ; elle y causa de profonds ravages. Marseille en fut plus particulièrement éprouvée.

719 : Invasion des Sarrasins.

732 : Charles Martel écrasa les Sarrasins.

734 : Nouvelle incursion des Sarrasins en Provence. Profitant de ce que Charles Martel avait été obligé de porter les armes vers d'autres régions, ils s'emparèrent d'Arles, d'Aix et de Marseille. La ville se vit livrer à toutes les horreurs du pillage, l'abbaye de Saint-Victor mise à sac et en partie démolie.
Marseille est saccagée par les Sarrasins. - La ville se vit livrée à toutes les horreurs du pillage. Les édifices publics furent dévastés, pillés et l'abbaye de Saint-Victor mise à sac et en partie démolie.
En cette circonstance, les religieuses du monastère de Saint-Sauveur se firent remarquer par l'ardeur de leur foi et par leur stoïcisme. Le monastère était situé hors de la ville, à peu de distance du port. Eusébie qui en était l'abbesse, pour ne pas devenir la proie des barbares, se déchira le visage et se coupa le nez; elle décida ses compagnes à suivre son exemple. Ces dernières se mutilèrent horriblement la figure au moment où les Sarrasins approchaient, et ceux-ci, furieux, les massacrèrent toutes.

736 : Charles Martel revint en Provence et délivra Marseille. L'armée des barbares avait été détruite en grande partie ; ses débris, réunis sous les ordres du traître Mauronte, tentèrent un retour offensif en Provence. Charles Martel fit un traité d'alliance avec le roi des Lombards et, de concert avec lui, cerna les Sarrasins dans la région des Alpes-Maritimes où il les détruisit.

839 : Vers la fin du règne de Louis le Débonnaire les Sarrasins débarquent sur les côtes de Provence, renouvellent leurs massacres à Marseille, saccagent l'abbaye de Saint-Victor qui commençait à se relever de ses ruines et emmènent en captivité un nombre considérable d'habitants.

De 737 à 875, neuf évêques occupèrent successivement le siège de Marseille ; ce sont Adalong, saint Mauront, Yves, Galfaric, Babon, Vavalde, Théodebert, Alboin, Léodoin. Sous les rois Mérovingiens, Marseille demeura une ville très commerçante et renommée. Son port, recherché à cause de la sécurité qu'il offrait, était le point d'arrivée des marchandises venant de l'Orient. A cette époque, l'industrie du savon, qui devait par la suite devenir une des plus importantes de la ville et aider considérablement à sa prospérité, prenait naissance.

879 : Boson roi de Provence.

945 : Marseille, gouvernée par les vicomtes de Provence

987 : Les Capétiens.
Capet, surnom d'Hugues Ier, fondateur de la dynastie capétienne. Descendant de rois, mais peu puissant, il ne gêne pas les grands ducs.
Huges Capet