L'abbaye de Saint Victor
La première manifestation du christianisme à Marseille se produisit sous Maximien Hercule et à l'occasion du martyre de Saint Victor qui eut lieu vers l'an 288. Victor d'Alexandrie faisait partie, comme officier, de la légion romaine qui occupait la citadelle. Signalé à ses chefs comme un adepte de la religion nouvelle, il fut mis en demeure de renoncer à cette religion. Victor refusa et Maximien Hercule, qui se trouvait de passage à Marseille, ordonna son supplice. Victor eut la tête tranchée, en même temps que trois des soldats commis à sa garde et qui avaient déclaré adhérer au culte du Christ. Les corps des quatre martyrs, jetés à la mer et repoussés par les flots sur le rivage, furent recueillis et placés dans une grotte qui devint une des chapelles de l'abbaye de Saint-Victor.
Saint-Victor l'abbaye vénérable entre toutes, témoin des premiers pas du christianisme en Gaule, puisqu'elle remonte au début du Ve siècle et fut fondée par saint Cassien en 415, le temps ou saint Honorat bâtissait, toujours sur ces rivages méditerranéens, l'abbaye de Lérins. Avant les destructions sarrasines, plusieurs centaines de moines s'y étaient pressées. L'abbaye de Saint-Victor était située hors des murailles de la ville, elle comprenait plusieurs sortes de moines : les uns étaient des personnes de naissance illustre qui se soumettaient à la discipline monastique, d'autres appelés anachorètes, avaient brisé tous liens qui les attachaient au monde et demeuraient enfermées dans une cellule.
Saint Victor est devenu le patron de Marseille.
L'histoire locale nous rapporte les grandes festivités qui s'y déroulaient le 21 juillet, jour de sa fête; ainsi il fut un temps où ce jour-là un cavalier armé rappelant Victor le vaillant qui terrassait le démon infernal (voir l'écusson au-dessus de la porte) parcourait la ville et les quais puis venait se joindre au cortège qui traversait le port sur un pont de bateaux pour se rendre à l'antique abbaye. (la ville à cette époque été côté quai du port).
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St Victor terrassant le dragon
Il ne reste que peu de choses de l'église, qui fut consacrée en 1040, sinon le mur latéral nord. C'est sans doute la plus ancienne abbaye qui ait été bâtie en Provence. Les fouilles de 1965 ont fait redécouvrir le "martyrium", la tombe de celui qu'on honore sous le nom de saint Victor, de la fin du IIIe siècle.
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A. Meunier (dessinateur) Vüe de leglise de S. Victor de Marseille.../ Meunier fecit a marseille en 1791. Dessin à la plume et encre de chine, aquarelle. |
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Jean-Baptiste Jorand(1788-1850) Vue de l'Eglise St Victor à Marseille/Jorand 1822. Dessin à la mine de plomb et lavis à l'encre brune sur papier légèrement teinté. |
Chaque année, à Marseille, le 2 février, une foule énorme se presse dès avant l'aube devant l'abbaye de Saint-Victor. En présence de l'Archevêque cette multitude participe à la procession de la Chandeleur. Partout dans Marseille, ce jour-là, on vend de petits gâteaux en forme de barque qu'on appelle les navettes: cette tradition rappelle l'arrivée sur les rivages de Marseille de saint Lazare, qui aurait été le premier évêque de la ville, avec ses deux soeurs, Madeleine et Marthe, et les deux "Marie", Marie Jacobé, soeur de la Sainte Vierge, et Marie Salomé, mère des apôtres saint Jacques et saint Jean, ainsi que leur servante Sarah. Les unes et les autres, montés sur une barque, auraient atterri aux Saintes-Marie-de-la-Mer.
Le four des navettes est à quelques pas de l'abbaye de St-Victor. Cette boulangerie fondée, en 1781, (la plus vieille de Marseille) été, à l'époque, hors les murs de Marseille. Les Marseillais qui venaient, le matin de bonne heure, assister aux offices de cette fête devaient être à jeun pour pouvoir communier. Le boulanger eut l'idée de fabriquer ce petit gâteau en forme de barque pour qu'a la sortie des messes les gens puissent se restaurer et prendre quelques forces pour faire, pour certain, un long chemin.
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