1720 - La Grande Peste


Le samedi 25 mai 1720, le Grand Saint-Antoine arrivait à Pomègues, îlot de l’archipel du Frioul, dans la rade de Marseille, au terme d’une navigation de dix mois et trois jours en Méditerranée. Il apportait un précieux chargement d’étoffes en partie destiné aux prochaines foires de Beaucaire, qui appartenait à plusieurs notables de la ville
dont le premier échevin J.-B. Estelle, ainsi qu’au capitaine du vaisseau,Jean-Baptiste Chataud. Or, la peste était signalée au Levant lorsque le Grand Saint-Antoine avait fait escale à Smyrne, à Seide (aujourd’hui Saïda) à Tripoli, sur la côte de l’actuel Liban, puis dans l’île de Chypre pour y prendre marchandises et voyageurs.
Le vaisseau présentait des patentes nettes, sa cargaison avait une valeur considérable (100 000 écus), elle appartenait en partie à l’un des premiers magistrats de la cité qui ne resta vraisemblablement pas inactif auprès des intendants de la Santé, eux-mêmes négociants ou anciens échevins.
Le « Grand Saint-Antoine »était une flûte ou trois mâts carré de fabrication hollandaise. Parvenu à Marseille le 25 mai, le vaisseau mouilla à Pomègues jusqu'au 4 juin; il fut alors autorisé à se rapprocher des infirmeries d'Arenc pour y débarquer passagers et marchandises, puis isolé à l'île de Jarre le 27 juin. Le Régent ordonna le 28 juillet de faire brûler le navire et sa cargaison mais cet ordre ne fut exécuté que les 25 et 26 septembre 1720. Son épave calcinée semble avoir été retrouvée en 1978 par une association de plongée sous-marine, I'A.R.H.A.
A cause de l'appat du gain de certain Marseillais (car on aurait dû brulés les marchandises) la Peste à fait près de 40 000 victimes et la malédiction de Marseille dura près de quatre ans.
Marseille en 1750

Le Lazaret de Marseille.
Le lazaret était destiné au séjour en quarantaine des passagers et marchandises soupçonnés d'être porteurs de la peste. Ce nouveau lazaret fondé au quartier d'Arenc (nord de la joliette) en 1663, fut agrandi et complété à partir de 1729 et tout au long du XVIIIe siècle. Il était considéré comme modèle en Europe, il disparaît au milieu du XIXe siècle lors des aménagements des nouveaux ports de Marseille.
On décida alors la construction d'un hôpital sur l'archipel du Frioul, plus particulièrement sur l'île Ratonneau, près de la calanque St Estève. L'hôpital Caroline fut édifié de 1823 à 1828, c'était à l'époque "l'exemple unique d'architecture sanitaire. (Il fut détruit par les raids alliés en août 1944).

Ce n'est qu'en 1894 qu'un jeune chercheur du tout nouvel Institut Pasteur, Alexandre Yersin (Français d'origine Suisse) est envoyé en Chine où la peste fait des ravages.
Avec un courage inouï il prélève, pour ses expériences, des bubons sur les cadavres des pestiférés ; en les étudiant au microscope il constate la prolifération de microbes en forme de bâtonnets, découvrant ainsi le bacille de la peste.
Bientôt il met au point un vaccin antipesteux qui sauve de nombreuses vies humaines.
Yersin met également en évidence le rôle des rats dans la transmission de la maladie.