Les Arènes marseillaises
Au cours de l'été 1881, un dramatique accident vient endeuiller Marseille, accident qui, d'ailleurs, demeurera dans la mémoire populaire comme "la catastrophe du Prado".
Cet après-midi du dimanche 14 août, a été organisée, dans une sorte d'amphithéâtre hâtivement dressé sur un terrain vague, à proximité de l'usine à gaz, au 127 de l'avenue du Prado (et pompeusement dénommé "Arènes marseillaises") une grande corrida, avec la participation du toréador madrilène Pedro Fernandez et de sa manade de taureaux.
C'est la foule des grands jours, une foule enthousiaste et particulièrement excitée. Déjà, à l'ouverture des portes, à 16 heures, d'innombrables "resquilleurs" se sont lancés à l'assaut des gradins, débordant un malheureux service d'ordre totalement inefficace ; et il a fallu attendre le calme pour que le commissaire de police du quartier donne enfin les dernières autorisations.
Mais sur le savant échafaudage de bancs prévu pour 1500 places, se sont entassées plus de 2000 personnes, trépignant et hurlant au gré du spectacle... Et soudain, à 17 heures 15, alors que le troisième taureau entre dans l'arène, c'est la catastrophe. Après une légère et lente oscillation,
toute une partie des gradins s'effondre dans un craquement effroyable, écrasant dans sa chute, au milieu d'une énorme clameur d'angoisse des centaines de spectateurs affolés.
Des décombres, on sortira 22 morts et on dénombrera, au total, 310 blessés, plus ou moins gravement atteints.
