La France avait contre la Régence d’Alger de sérieux griefs. Une expédition fut résolue. Bien préparée, bien conduite, elle aboutit à la prise d’Alger (5 juillet 1830). Nos soldats jetèrent ainsi les premiers fondements de cet empire africain destiné à doubler la puissance et les ressources de la métropole. La conquête de l’Algérie fut pour Marseille un coup de fortune. Elle était déjà la porte de l’Orient : elle devint comme la capitale de nos établissements d’outre-mer, et dès lors s’ouvre pour elle une ère de prospérité indéfinie.
Trompé par d’aveugles conseillers, Charles X s’imagina que ce glorieux événement lui permettrait de restaurer l’ancien régime. Les ordonnances de juillet 1830, qui dissolvaient la Chambre des députés, modifiaient la loi électorale et abolissaient la liberté de la presse, provoquèrent une révolution. Après trois journées de bataille, dans les rues, les Parisiens punirent de ses fautes, par un exil définitif, un souverain et une famille qui n’avaient rien appris, ni rien oublié.

Le drapeau tricolore reparut, et le duc d’Orléans, le fils de Philippe-Egalité, Louis-Philippe 1er, devint roi des Français (1er août 1830). A Marseille les ordonnances avaient été accueillies avec joie par les royalistes exaltés, avec abattement par les constitutionnels, avec

indifférence par la masse du peuple, mais personne ne bougea. D’ailleurs ce fut seulement le 31 juillet qu’on apprit le soulèvement de Paris. Au 4 août, lorsque les autorités royales eurent cédé la place, l’adjoint Tardieu s’installa à l’Hôtel de Ville, y convoqua un Conseil de notables, organisa la garde nationale, et veilla au maintien de l’ordre et de la paix. Au 12 août seulement le nouveau roi des Français était proclamé au milieu des acclamations. C’était un nouveau régime qui commençait.