Au début du mois de septembre 1943, le groupe d’armées se composait d'un état-major à Avignon, de l'état-major de corps d'armée IV de l'armée de l'air à Montpellier, des divisions immobiles 326 à Narbonne, 328 à Arles, 356 à Aix, 338 à Marseille (deux régiments de sécurité seulement).
Les groupes d'artillerie côtière de l'armée de terre et de la marine avaient la responsabilité de la défense des côtes, leur équipement se composait de matériel en provenance de tous les pays européens avec peu de munitions, le tout représentant plutôt un " musée d'armes d'occasion " n'ayant guère d'efficacité réelle. L'artillerie côtière était concentrée simplement dans la région de Sète, de Marseille et de Toulon ; sa portée était de 20 kilomètres au maximum.
La partie de front que devait défendre la 19e Armée était de 500 kilomètres environ après le retrait des Italiens en septembre 1943 et comprenait également les îles et les baies.
La fortification de la côte sud de la France fut activée à la fin de 1943 seulement, avec pour conséquence qu'il n'y avait, au début de l'opération de débarquement alliée, que des commencements de travaux dans tous les domaines. Le général Rommel lui-même, nommé vers la fin de 1943 par Hitler " chargé de mission du Führer pour l'aménagement de la défense de toutes les côtes ", ne put rien changer aux carences générales.
En février et mai 1944, il visita la zone de la 19e Armée et déclara au commandant en chef que l'on devait empêcher en mer un débarquement des Alliés ou, au plus tard, sur le rivage ; si l'adversaire arrivait à prendre pied sur la côte, il serait alors impossible de le repousser en raison de sa supériorité aérienne. La perte d'une seule partie du territoire français serait politiquement insupportable et serait refusée catégoriquement par Hitler.
Rommel accordait une grande importance à la construction d'obstacles côtiers, de champs de mines et d'obstacles au parachutage, comme en Normandie, en Belgique et également en Hollande.
Jusqu'en août 1944, des points d'appui très éloignés les uns des autres parsemèrent la côte sud de la France, disposés comme un rang de perles, érigés pour une défense en hérisson et occupés en règle générale par une section d'infanterie. 1 000 ouvrages de fortification devaient constituer la colonne vertébrale de cette défense, 300 seulement étaient terminés au début de l'offensive, 80 uniquement étaient en béton armé. Les efforts étaient insuffisants dans tous les domaines.
La fortification atteignait une certaine profondeur grâce aux positions largement en retrait pour l'artillerie, grâce aux canons antichars et d'infanterie, et grâce également à de petites réserves à tenir prêtes. A une distance de 15 à 30 kilomètres de la côte, l'armée commença à construire une deuxième position qui devait parer les attaques ennemies dans la vallée de l'Aude et du Rhône.
Une importance particulière fut accordée à la défense des ports de Marseille et de Toulon car ils étaient les seuls à disposer d'installations de chargement modernes nécessaires à des troupes de débarquement mécanisées pour protéger le ravitaillement.
Les deux ports furent par conséquent déclarés " zones de défense " et étaient occupés au début du débarquement par 10 000 à 12 000 hommes. La plupart des batteries côtières navales étaient employées à la défense de ces deux ports. L'artillerie de l'armée de terre et la DCA devaient commander l'action de feux proprement dite avec les forces de débarquement.
Colonel Manfred KEHRIG
