LE DEBARQUEMENT EN PROVENCE |
Prévu initialement pour avoir lieu presque simultanément avec le débarquement en Normandie, l'assaut contre les côtes méditerranéennes françaises et auquel CHURCHILL aurait préféré une offensive en direction de l'Europe centrale, s'est préparé à Naples.Elles forment l'Armée B, composée de Français (Pieds-Noirs) et de Musulmans d'Afrique du Nord, de troupes d'Afrique noire. Il s'y trouve aussi plusieurs milliers d'évadés de France par l'Espagne qui ont pu rejoindre l'Afrique du Nord après un séjour plus ou moins long dans les geôles franquistes. Elle doit débarquer en 2ème échelon. Cependant, les Commandos français du Lieutenant-Colonel BOUVET coudoient les Rangers américains dans leur approche des côtes dans la nuit du 14 au 15 août 1944. Le contre-amiral DAVIDSON, commandant la flotte alliée qui les transporte, a la délicatesse d'envoyer un message d'amitié aux soldats français "qui vont avoir l'honneur de mettre les premiers le pied sur le sol de leur patrie pour la libérer".
Général PATCHIl a été confié, pour les opérations terrestres, au Général PATCH, commandant la 7ème Armée américaine qui comprend trois divisions U.S. et, sous les ordres du Général de LATTRE de TASSIGNY, les forces françaises soit cinq divisions d'infanterie et une division blindée (la 1ère, rejointe un peu plus tard par la 5ème D.B.),représentant les 7/10ème de l'armée d'invasion. Général de LATTRE de TASSIGNY
C'est un officier de réserve, ancien de 1914-1918, évadé par l'Espagne, qui a le premier rendez-vous avec la France quand il accoste sur la plage du Rayol un peu après minuit tandis que le Capitaine DUCOURNAU enlève par surprise la batterie ennemie défendant le cap Nègre. Dans la deuxième partie de la nuit, une opération aéroportée a lieu au sud de Draguignan, lâchant près de 10 000 hommes, partis d'Italie, sur les arrières de l'ennemi. A l'aube, l'aviation américaine pulvérise les défenses des plages sur lesquelles sont déversées 800 tonnes de bombes, relayée par l'artillerie de marine et les 30 000 tubes des bâteaux fusées.
Le 16 août, en soirée, c'est au tour des Français de débarquer : la 1ère D.F.L. sur la plage de Sylvabelle, la 3ème D.I.A., le quartier général de l'Armée et le C.C.2 sur la plage de la Foux, au fond de la baie de Saint-Tropez. Le poste de commandement de de LATTRE s'installe à Cogolin. Tandis que les Américains doivent pousser en direction du nord par la rive gauche du Rhône et la route des Alpes, le chef de l'armée B a pour mission de prendre Toulon et Marseille et remonter ensuite le Rhône par sa rive droite.
Les 3ème, 36ème et 45ème divisions américaines peuvent alors prendre pied sur la côte provençale. Les Américains se rendent maîtres des îles d'Hyères, de Saint-Tropez, de Sainte-Maxime, mais Saint-Raphael et Fréjus ne tombent que le lendemain. Ils commencent leur progression à l'intérieur du pays et vont bientôt occuper Draguignan. (agrandir)
Toulon est une pièce maîtresse du "Südwall", le Mur de la Méditerranée. On estime les forces de l'occupant, avec ses défenses périphériques à 26 000 hommes. De Lattre est décidé à agir au plus vite car l'ennemi ne va pas manquer de se ressaisir et rendre plus difficile la conquête de ces deux villes-clés. Il charge BROSSET avec sa D.F.L. d'attaquer frontalement le camp retranché de Toulon par l'est, afin d'attirer à l'extérieur le maximum d'effectifs adverses et MONTSABERT d'une mission de débordement de la ville par le nord et l'ouest avec sa 3ème D.I.A., en amorçant en même temps son avancée vers Marseille. La D.F.L. est complétée des éléments débarqués de la 9ème D.I.C. (Général MAGNAN) et des commandos d'Afrique, l'ensemble étant coordonné par le Général de LARMINAT. La couverture des opérations incombe à la 1ère D.B. du Général du VIGIER qui se porte vers Aix.
L'investissement de Toulon est complet les 20 et 21 août. Le 20 août, à 8 heures, le Colonel de LINARES avec le 3ème R.T.A. débouche de la montagne au nord de Toulon et pénètre dans la ville où il se heurte à une vive résistance, tandis que son chef de MONSABERT s'infléchit vers Marseille. Le lendemain, Bandol est pris par les chars du 7ème R.C.A. (VAN ECKE) et du 2ème R.S.A.R. (LE COQ). A l'est, le groupement LARMINAT, après des combats acharnés, a franchi la première ligne de défense allemande. Le 21, le fort du Coulon, pivot de la manoeuvre, est enlevé par les commandos d'Afrique du Capitaine DUCOURNAU. Les jours suivants voient le démantèlement du dispositif allemand, la prise du Mont-Faron, la capitulation de plusieurs points d'appui qui sont les plus durs moments de la bataille de Toulon. La 9ème D.I.C. met près d'une semaine pour réduire les derniers îlots de résistance, farouchement défendus. L'amiral RUHFUS, commandant la garnison, s'est installé dans la presqu'île de Saint-Mandrier avec 2000 hommes. Il dispose d'une puissante artillerie. Le pilonnage de la position par l'aviation et la marine, commencé le 19 août, durera jusqu'au 28 quand la garnison consent à capituler.
Deuxième objectif assigné à l'Armée de LATTRE, après Toulon (en fait les opérations ont été menées de pair), la prise de Marseille. La possession de son port, le premier de la Méditerranée occidentale est d'un grand intérêt stratégique pour les Alliés; en effet, les ports français étant détruits ou occupés, Marseille permettra plus tard de ravitailler les armées alliées dans de meilleures conditions. Aussi, les Allemands ont-ils fait de la ville et de ses alentours un véritable camp retranché. Côté mer, ce sont les ouvrages du "Südwall" construits par la TODT, les forts de Saint-Jean et de Saint-Nicolas; côté terre d'importants ouvrages ou barrages défendent en discontinu, l'accès de l'agglomération par les différentes routes. A l'intérieur de la cité, la défense s'appuie sur de nombreux centres de résistance, riches en pièces d'artillerie. Les forces allemandes, après le repli sur Lyon d'une partie de la 19ème Armée ordonné par le Général WIESE, représentent environ 17 000 hommes (Kriegsmarine et la 224ème Division d'Infanterie) placés sous le commandement du Général SCHAEFFER à qui le Führer a demandé de tenir jusqu'à la dernière cartouche.
C'est au Général de MONSABERT que revient la charge de libérer la deuxième ville de France. Il bénéficie de la maîtrise aérienne, de l'appui de l'escadre alliée au large mais aussi de l'aide de la résistance intérieure, animée principalement par F. LEENHARDT et G. DEFERRE. Il conservera de bout en bout l'initiative des opérations, grâce aussi à l'élan de sa troupe, avide de reconquérir le pays.
Alors que le 19 août, les éléments de reconnaissance de la 3ème D.I.A. s'emparent de l'important carrefour du Camp-du-Castelet, à mi-chemin de la route Toulon-Marseille, le comité de libération marseillais proclame la grève générale insurrectionnelle. Des actions de harcèlement ont lieu contre les forces allemandes. MONSABERT, sans attendre, s'assure le contrôle d'Aubagne, clef de voûte de la défense extérieure de Marseille qui résiste violemment pendant deux jours contre le Combat Command SUDRE, (C.C.), secondé par le 2ème Tabors marocains. Simultanément, le chef de la 3ème D.I.A. lance son infanterie, familiarisée avec les combats en montagne, le 7ème R.T.A. et le 1er Tabors marocains dans une manoeuvre par les hauts. Elle doit permettre l'accès aux faubourgs nord et nord-est de Marseille. L'infiltration réussit et surprend le dispositif ennemi. Après la chute d'Aubagne, une partie du C.C. s'est portée jusqu'aux lisières est de la ville. Par ailleurs, les défenses les plus avancées de la route d'Aix sont entre les mains des Français. Telle est la situation résumée, le 22 août au soir. Cependant, il est urgent de venir en aide aux F.F.I. de Marseille. MONSABERT fait alors franchir les limites de la ville par un bataillon du 7ème R.T.A. et les chars du 2ème Cuirassiers. Lui-même va installer son P.C. à l'hôtel de l'ancienne région militaire.
Les Allemands font donner leur artillerie, bombardant la ville sans discontinuer. Ils règlent leurs tirs depuis la colline de Notre-Dame-de-la-Garde. Mais le 23 au soir, les tirailleurs du 7ème et quelques chars sont établis au coeur de la cité. Le Général SCHAEFFER est coupé de ses troupes assurant les défenses extérieures. Cherchant surtout à gagner du temps, il demande une entrevue au Général de MONSABERT qui exige la reddition immédiate de ses troupes. Sur son refus, les combats reprennent dans la ville où la situation est assez confuse. Les F.F.I. se trouvent répartis dans les différents quartiers (certains ont été libérés par eux seuls). L'ennemi résiste avec acharnement le long du port au Fort-Saint-Jean mais autour de la ville l'étau se resserre inexorablement. Quatre jours sont nécessaires pour réduire les points d'appui, ce qui donne lieu à des combats de rue très meurtriers pour l'infanterie d'attaque. Le 25 août pourtant, Notre-Dame-de-la Garde est aux mains des tirailleurs algériens et le drapeau tricolore hissé sur la basilique. Le 27 août au soir, le Général SCHAEFFER demande une suspension des combats, avant de s'engager dans la reddition. Celle-ci est signée le lendemain matin.
Les Allemands prisonniers prennent le chemin du camp de Sainte-Marthe. Un matériel considérable est livré aux vainqueurs. Ainsi s'achève la bataille de Marseille livrée quasiment en même temps que celle de Toulon, en avance d'un mois sur les plans prévus.
1942/1945 L'armée française était essentiellement composée de troupes levées dans l'Europe particulièrement en AFN, soit près de 400 000 hommes composés de 173 000 Tunisiens, Marocains, Algériens et Africains, 168 000 Français originaires d'AFN dit plus tard " Pieds Noirs ", 20 000 Français évadés de France ; 35 000 Corses (à partir de janvier 44). Pertes 40 000 tués dont 20 000 Européens et 20 000 non Européens (18% des effectifs) et 72 000 blessés.
(source Armée d'Afrique 1942/45. Narbonne).
En savoir plus : LE POINT DE VUE ALLEMAND