LA RAFLE DE L'OPÉRA

Marseille, JANVIER-FEVRIER 1943

 

Marseille sous la botte

    Le vendredi 22 janvier 1943 au matin commencent à Marseille de grandes opérations policières qui se prolongent pendant une semaine. Des forces considérables ont été concentrées à cet effet par les autorités françaises dans la cité phocéenne : plus d'un millier d'inspecteurs venus de la zone Sud, mais aussi de Paris, et environ huit mille hommes en tenue (gendarmes, gardes mobiles, GMR). Des barrages filtrent les passants, vérifient les identités, arrêtent "suspects" et juifs. Pendant la nuit du 22 au 23 janvier se multiplient rafles et visites domiciliaires : 1865 personnes sont arrêtées et conduites aux Baumettes*. 

*Prison Marseillaise

    Les opérations continuent le samedi toute la journée. Le soir, le quartier du port est bouclé par les troupes allemandes. C'est plus particulièrement dans ce quartier que les forces françaises arrêtent encore au cours de la nuit 635 personnes également rassemblées aux Baumettes.

    Aux premières heures du dimanche 24, environ 1300 détenus des Baumettes sont conduits en camions à la garde d'Arenc. Un convoi ferroviaire est formé, complété par environ 300 personnes raflées dans la nuit et amenées de l'Évêché. Ainsi, 1642 détenus (dont la moitié sont juifs) partent pour Compiègne. Les contrôles policiers et les arrestations se poursuivent jusqu'au jeudi 28 janvier dans le centre et divers quartiers de la ville.

    Alors que le premier convoi de Marseillais raflés part la gare d'Arenc, les habitants du quartier Nord du Vieux-Port, coupé du reste de la ville depuis la veille par les troupes allemandes, sont évacués dès le dimanche matin vers Fréjus par la gare d'Arenc. Ces opérations mobilisent << 12 000 policiers français, 5 000 soldats du 10e régiment de police SS commandés par le colonel Griese. Les jeunes de la Défense passive ont été requis (...). Les autorités françaises ont obtenu que l'opération soit conduite par elles, mais Oberg est sur les lieux et supervise le Colonel Griese >>. (Environ 20 000 personnes sont évacuées).

    A partir de Fréjus, les Allemands, qui contrôlent totalement les camps, organisent le lundi 1er février un convoi de 800 personnes environ vers Compiègne, via la gare d'Arenc. << Ce convoi, dont il est difficile d'évaluer la composition, comprenait surtout des hommes de tous les âges, dont la plupart avaient leurs occupations à Marseille et n'avaient jamais attiré l'attention des services de police pour leur activité politique>>. 

Selon le témoignage du grand rabbin Hirschler, un certain nombre de juifs se trouvent dans le convoi.

    Le premier convoi ramenant les évacués du Vieux-Port à Marseille arrive le 28 janvier en gare d'Arenc. Les opérations de récupération commencent, mais beaucoup de logements sont pillés. A compter du 1er février, les Allemands dynamitent le quartier; 14 ha sont détruits, ainsi que près de 2 000 immeubles.

    A Compiègne, les autorités françaises interviennent pour obtenir que certains cas soient reconsidérés et après constitution d'une commission de criblage, 42 personnes sont libérées. Mais la plupart des détenus en provenance de Marseille sont déportés. A partir du camp de Royallieu, le 10 mars 1943, 786 juifs arrêtés à Marseille (dont 570 de nationalité française) sont acheminés via Drancy vers les camps d'extermination de Sobibor et Auschwitz dont personne ne revint (convois 52 et 53 des 23 et 25 mars 1943). Un contingent de déportés du Vieux-Port << est mis à disposition de l'organisation Todt et interné dans les îles anglo-normandes où se construisent des fortifications. Six cents autres prennent le chemin d'Oranienburg-Sachsenhausen où ils arrivent le 30 avril constituant la majorité du convoi qui sera immatriculé dans les numéros 64 000 >>. Certains furent également déportés à Mauthausen et Buchenwald.

 

BILAN

    Ainsi, en l'espace de quinze jours, Marseille a vécu un véritable séïsme : des dizaines de milliers de contrôles dans une ville quadrillée par les forces de police, des milliers d'habitants chassés de leurs logements, des milliers d'arrestations. Le bilan établi par le préfet régional le 30 janvier 1942 fait état de 400 000 contrôles d'identité, de 5 956 personnes appréhendées, 3 977 libérées après vérifications, 30 écrouées, 13 dirigées vers le centre des étrangers, 294 internées, 1642 envoyées à Compiègne; de 600 suspects ou dangereux retenus par les commissions de ciblage de Fréjus. 800 bars ont été provisoirement fermés.

  LA GRANDE RAFLE DE MARSEILLE

    Le 14 janvier 1943. deux mois après l'arrivée de l'armée allemande à Marseille , le Général Karl OBERG, chef de la police allemande déclarait devant les autorités françaises :

"Marseille est un repaire de bandits internationaux. Cette ville est le chancre de l'Europe. Et l'Europe ne peut vivre tant que Marseille ne sera pas épurée. Les attentats du 3 janvier où des soldats du Grand Reich  ont trouvé la mort  en sont la preuve. C'est pourquoi  l'autorité  allemande veut nettoyer de tous les indésirables les "vieux quartiers" et les détruire par la mine et le feu"

Étaient présents

BOUSQUET : secrétaire général à la police de Vichy

LEMOINE : Préfet régional

BARRAUD : préfet délégué de l'administration de la ville

CHOPIN : Préfet des bouches du rhone

RODELLE DE PORZIC : Intendant de la police

    Marseille fut investie par des forces de police impressionnantes. Le vendredi 22 Janvier tout était prêt et la grande rafle de Marseille commença




     Elle fut, après celle du Vel d'hiv à Paris, une des plus grandes rafles de l'occupation. Lors de la rafle générale sur tous les quartiers du centre de Marseille 40000 personnes furent contrôlées et parmi elles 5956 personnes furent arrêtées ; 1642 sont envoyées à la prison des Baumettes, dont 782 juifs acheminés  dès le 24 janvier au matin au camp de Compiègne . Aucun n'est revenu du camp d'extermination de Sobibor en pologne.

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