Le 20ème siècle (de 1939 à 1950)

Pendant la “drôle de guerre” de septembre 1939 à avril 1940, Marseille vie au rythme des communiqués laconiques de la presse ou diffusés par la T.S.F. : “Rien à signaler sur l'ensemble du front”.
Le trafic portuaire est intense. Arrivée de nombreux convois de navires amenant d'Afrique du Nord, d’Afrique Occidentale, de Madagascar, d’Indochine, les troupes coloniales.
Les usines métallurgiques tournent à un rythme de production intensive au service de la Défense Nationale.
Le 18 novembre : Décret-loi français autorisant l'internement des "individus dangereux pour la défense nationale ou la sécurité publique".
Dans la crainte des bombardements aériens, dès la nuit venue, les rues sont plongées dans l’obscurité. Toutes les caves disponibles sont ouvertes au public, signalées par un panneau “Abri”.
Marseille s'habitue presque à cette situation.
Le 10 mai 1940, on apprend l'invasion de la Hollande et de la Belgique.
C'est bientôt la ruée allemande sur le Nord de la France. Le 2 juin, alerte sur Marseille. Le port est sévèrement bombardé.
Le 10 juin, l’Italie déclare la guerre à la France et commence les premiers combats sur le front des Alpes. (Malgré des effectifs très supérieurs en nombre aux effectifs français, l'offensive italienne est un échec général. Les armées du Duce sont arrêtées partout en Maurienne, en Briançonnais, en Ubaye, dans le Queyras et dans les Alpes-maritimes.)
Le 15 juin 1940, Paul Reynaud, président du Conseil, démissionne, remplacé par le maréchal Pétain.

La Weeehrmacht à Paris
Le 16, les troupes allemandes, qui sont rentrées à Paris le 14, traversent la Loire.
Le 22, l'armistice est signé. Marseille est plongé dans une ambiance lourde, éprouvante, qui ne va cesser de s'assombrir durant les quatre années à venir.
Le 23 juin 1940, Le vice-amiral retraité Muselier quitte Marseille et part pour Londres.
Il y a les disparus, dont on apprendra la mort. Il y a les démobilisés qui rentrent éprouvés, choqués. Il y a surtout les nombreux prisonniers, détenus dans les "stalags"et les "oflags".
Il y a les jeunes, qui dès le mois de juillet, sont incorporés dans les “Chantiers de Jeunesse”.
Il y a la “ligne de démarcation”, coupant le pays en deux zones, “occupée” et “libre”.
Il y a déjà, dès cet été 1940, les premières difficultés de ravitaillement, les premières “restrictions”, qui n’iront qu’en s'accentuant au cours des mois et des années suivantes.

Il y a également, bien sûr, l'espoir que fait naître chez beaucoup la “Révolution Nationale”, qui vient de remplacer la IIIème République, avec ses maîtres-mots “Travail - Famille - Patrie”, évoquant le retour à un “certain ordre”.
Voir les paroles Petites monnaies de 1943

27 septembre : Première ordonnance allemande antijuive publiée en France occupée.
Le 3 octobre : Premier statut des Juifs promulgués par Vichy.
4 octobre : Loi de Vichy autorisant l'internement des "étrangers de race juive". Les autorités allemandes demandent à l'administration française en zone occupée d'interner les Tziganes.
9 octobre: “les Juifs d'Algérie ne seront plus citoyens français”. - 19 et 20 octobre : Mesures concernant “les Juifs français résident en France”... Et le même jour, ces quelques lignes lourdes de conséquences: “Les ressortissants étrangers Juifs pourront, par décision préfectorale, être internés dans des camps spéciaux”. Terrible engrenage. Horizon tragique...
Début novembre, les mesures de rationnement en vigueur se développent et se durcissent.
Le 23 novembre, alerte sur Marseille. Des bombardiers britanniques lâchent des bombes explosives et incendiaires. Le quartier Ste-Anne est atteint. On dénombrera 4 morts et 5 blessés.
Les 3 et 4 décembre : Visite officielle à Marseille du Maréchal Pétain. A sa descente du train, à Arles, Pétain est accueilli par des gardians et des Arlésiennes. A Marseille, en compagnie de l'amiral Darlan, le chef de l'État passe en revue les troupes, assiste à un défilé militaire quai des Belges, puis est reçu par l'évêque. à Toulon, les marins du Strasbourg leur présentent les armes.
1941 se présente, à Marseille, comme une année relativement calme, dans le climat de guerre qui se poursuit et s'intensifie.(22 juin 1941 : Le plan Barberousse)


Même dans ses moments difficiles nos compatriotes ont su sourire. A cette époque circulée une devinette :
Quel est la plus petite prairie du monde ?
- L'uniforme des Bochs parce qu'il y a toujours une vache dedans !

Février, les troupes de l'Axe attaquent les Anglais sur le front de Lybie.
Le 2 juin : Second statut des Juifs pris par le gouvernement de Vichy.
Le 22 juin, Hitler déclenche l'invasion de l’U.R.S.S. Le 7 décembre, ce sera Pearl Harbour et l'entrée en guerre des U.S.A.
Le 22 juillet, on affiche sur les murs de la ville un “Avis relatif aux ressortissants Juifs”: “Toute personne juive doit en faire la déclaration sur un imprimé spécial à l'Hôtel de Ville, service de la police administrative, avant le 31 juillet, délai de rigueur”.

1942 : Dramatique début d'année pour le monde marseillais de la navigation. Le 8 janvier, le LAMORICIERE de la Compagnie Générale Transatlantique, fait naufrage au large des Baléares, entraînant dans sa perte 312 victimes.
Dans Marseille les difficultés de toutes sortes se multiplient, en particulier en ce qui concerne le ravitaillement et le chauffage.
Le 23 février, à 14h45, l'usine à gaz du quartier des Crottes, explosent brutalement, faisant 11 morts et 23 blessés, semant l'émoi dans la population. usine à gaz des Crottes
Durant deux mois, Marseille, Allauch et Plan-de-Cuques, vont se trouver pratiquement privée de gaz. C'est la catastrophe. On octroie aux abonnés une “attribution exceptionnelle de 25 kilos de charbon”. Pour les immeubles récents, dépourvus de moyens de chauffage au charbon et où la cuisine ne se fait qu'au gaz, on attribue à chaque famille 2 litres d'alcool à brûler plus un litre par enfant de moins de 3 ans. Par ailleurs, dans certains restaurants, on fournira quotidiennement contre tickets et sur présentation de la carte d'abonné au gaz, un “plat unique” chaud dit “plat national”, pour le prix de 2F50.

Photographie de la rencontre à Paris entre Pierre Laval, chef du gouvernement, et le général SS, Carl Oberg, à la tête de toutes les polices allemandes en France depuis avril 1942.
Il va perfectionner la collaboration des polices vichystes et allemandes
avec René Bousquet, secrétaire général à la police.

- Le 22 Mai 1942, Pierre Barraud, préfet délégué, inaugure la première ligne de trolleybus à Marseille. Cette ligne le "74" partira de la rue "Vallon Montebello" pour aller à la Plaine "Place Jean Jaurès". " Adieu aux autobus mangeur d'essence, adieu aux tramways bruyants et encombrants, gênants pour la circulation et salut aux trolleybus qui n'ont aucun de ces défauts" (Actualités du 22 mai 1942) (sic). Que peut-on penser aujourd'hui ?
29 mai : Ordonnance allemande imposant le port de l'étoile jaune aux Juifs en France (zone nord).
Le 14 juillet 1942, manifestation de la résistance à Carcassonne, au monument Barbès : plus de 2 000 participants à l’appel de Radio-Londres. Manifestation patriotique à Perpignan. Même chose à Marseille avec manifestation sur la Canebière : des hommes de main Sabiani tirent sur la foule.
Dans le courant de cet été 42, les 16 et 17 juillet, s'abattent sur Paris les rafles massives de Juifs suivies de leur concentration au “vélodrome d'hiver” 12.884 Juifs arrêtés et leur envoi
en Allemagne, via le camp de Drancy. La terrible “chasse aux Juifs” est ouverte, et le 26 août, elle atteint Marseille. (Ainsi, dés le 27 mars, premier convoi de Juifs de France pour Auschwitz : 1.112 Juifs, pour la moitié français de Compiègne et pour autre moitié apatrides de Drancy. Au total, de mars 1942 à août 1944, 75.721 Juifs seront déportés de France, dont 11.000 enfants.)
Mais l'événement qui marque le plus cette année 1942 est, évidemment, l' occupation, par les troupes allemandes, de la zone jusqu'alors dite “libre”. Le 11 novembre, elles franchissent la “ligne de démarcation”; le 12 à midi, elles sont à Marseille où le couvre-feu est instauré. Dès lors, la situation se dégrade.
Le ravitaillement, déjà bien maigre, se réduit davantage encore, l'occupant se servant en priorité; le marché noir, déjà actif, s'amplifie; et le sabordage de la flotte à Toulon, le 27 novembre, va rendre les troupes plus hostiles et plus exigeantes.

1943: L'épreuve se poursuit.
22 et 23 janvier, rafle dans toute la ville.
Dimanche 24 janvier, à 6 heures du matin, le quartier Nord du Vîeux-Port (entre le quai Maréchal Pétain, l'esplanade de la Tourette, la place de Lenche, la rue Caisserie, la rue de la Roquette et la place Victor Gelu) est cerné par la police et l'armée allemande, tous les habitants sont évacués par tramways et camions jusqu'à la gare d'Arenc et, de là, empilés dans 30 trains de marchandises aux wagons plombés, emmenés jusqu'au "camp de Fréjus", 1 642 d'entre eux, livrés à la Gestapo, seront ensuite dirigés sur Compiègne, puis l'Allemagne.
Dés le début du mois de février, le quartier sera systématiquement dynamité par l'armée allemande (destruction par le Allemands de quatorze hectares de la vieille ville), à leur retour de Fréjus, les anciens occupants, démunis de tout, n'auront qu'à trouver asile chez des parents, des amis, ou dans des locaux mis à leur disposition, çà et là, en banlieue ou en divers points du département.
Le 16 février, création du “Service du Travail Obligatoire” le trop célèbre S.T.O. Recensés au Service Départemental de la Main d'oeuvre, 119 boulevard National, les jeunes sont ensuite appelés par convocation spéciale et embarqués par train entier, via la “rue Honnorat”, base de départ des travailleurs en Allemagne, installé dans les locaux réquisitionnés de “l’asile de nuit des femmes”. De décembre 1942 à juillet 1944, du numéro 15 de la Rue Honnorat, 18.000 hommes, de tous âges, de toutes conditions, sont partis vers l'Allemagne, au titre de déportés du travail. Deux mille ne sont pas revenus.
En février est instauré, pour tous les hommes de 16 à 60 ans, le “ Service des 6 jours” : six jours de travail au service, plus spécialement, de l'entreprise Todt : on construit, en ce moment, le fameux “mur de la Méditerranée” et, de Bonneveine au Roucas-Blanc, se dresse un énorme rempart de béton garni de blockhaus...
Cependant la Résistance s'amplifie, sous toutes ses formes, à Marseille comme ailleurs, surtout depuis les mesures concernant les Juifs et l'occupation de la zone Sud. Mais la répression s'accentue, elle aussi, effroyable, au siège de
(agrandir) la Gestapo, dans une villa aujourd'hui (agrandir)
démolie, au 425 de la rue Paradis, les résistants arrêtés sont enfermés, interrogés, torturés, avant d'être déportés. Dans une autre villa du boulevard Périer, sévit le tristement célèbre Dunker Delage, “l'adversaire le plus terrible des résistants marseillais”, épaulé par “toute une équipe d'indicateurs, de tortionnaires, recrutés pour la plupart dans le milieu marseillais”...
Le 2 décembre, un bombardement anglo-américain sur la base sous-marine du Cap Janet est venu semer la terreur dans le
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quartier de Saint-Louis, du côté des Abattoirs, et rue de Lyon, faisant de nombreuses victimes civiles : 50 morts et plus d'une centaine de blessés (La base sous-marine n'est pas endommagée).
1944 : L'Occupation s'avère de plus en plus écrasante, le ravitaillement est plus serré que jamais, et la répression, orchestrée à la fois par la Gestapo et la Milice, se montre chaque jour plus implacable face à une Résistance de plus en plus vigoureuse et déterminée.

Le 16 mars, plus de 6.000 ouvriers de la métallurgie se mettent en grève. Raison officielle : Augmentation des salaires et amélioration du ravitaillement, motif profond, paralyser au maximum les activités de l'ennemi.

Le 21 avril, un arrêté stipule que “la circulation des piétons sur les routes longeant la côte marseillaise, (notamment: Corniche, plage, ect.) n’est permise que du côté opposé à la mer (le long de laquelle on travaille au fameux “mur de la Méditerranée”) et que tout arrêt est sévèrement interdit et entraîne un danger de mort”.
Le 16 mai, “la circulation automobile est désormais interdite dans les Bouches-du-Rhône de 21h à 5h, sans aucune dérogation, même pour les médecins et les sages-femmes”.
Le 25 mai, les ouvriers métallurgistes se mettent de nouveau en grève et fait tache d'huile. Elle s'étend à Aubagne, à Martigues, et dans les mines du bassin de Fuveau et Gardanne.

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Le samedi 27 mai,(veille de la Pentecôte) à 9h56, le hurlement des sirènes annonce une alerte sur Marseille. A lOh5O, à 4 000 - 5 000 mètres d'altitude, sept vagues de bombardiers américains (12O forteresses volantes) déversent sur la ville, en moins de dix minutes, plus de 800 bombes de 250 à 500 kilos.
Le spectacle est effroyable. Toute la cité est atteinte. Et si les quartiers les plus touchés sont ceux de la gare Saint-Charles(les cheminots de Marseille furent particulièrement atteints : 150 morts), du boulevard National, de Saint-Lazare, de la Belle-de-Mai où l'église est démolie, les bombes explosent aussi à Montolivet, à Saint-Barnabé, à Saint-Jérome. Mais aussi, rue Paradis (le Lycée Périer est atteint), rue Jean
Mermoz, boulevard Rodocanacchi, à l'angle du boulevard Périer et du Prado, sur le Prado (Saint-Joseph de Cluny), boulevard de Louvain (caserne des marins-pompiers).
On dénombrera 1 976 morts, 2 761 blessés, et plus de 20 000 sinistrés; plus d'une cinquantaine de tués et plusieurs centaines de blessés parmi les soldats de l'armée allemande.

Le 4 juin, dans un service religieux célébré à la cathédrale à la mémoire de toutes ces victimes, Monseigneur Delay s'indignera contre un tel carnage.

Affiche germano-vichyste présentant le dernier argument avant le débarquement allié en Normandie, le 6 juin 1944 (coll. MRN).


Le 6 juin 1944: Débarquement en Normandie.
L'espoir prend corps! Pressentant la défaite, les troupes d'occupations, la Gestapo, la Milice, se font de plus en plus nerveuses.
Le 10 juin, les SS massacrent sauvagement 643 personnes à Oradour-sur-Glanes presque toute la population du village. Mais il y a aussi Marsoulas, village martyr de Haute-Garonne où 126 habitants sont
massacrés par la même division SS "Das Reich".
16 juillet : Radio-Londres dénonce la responsabilité de Vichy dans les déportations.
A Marseille, les arrestations se multiplient, de même que les opérations contre les maquis des environs. On torture plus que jamais au 425 rue Paradis...
le 18 juillet, 29 résistants marseillais sont emmenés en camion dans une clairière des environs de Signes, où ils seront abattus sans jugement et jetés dans une fosse creusée à leur intention.
Enfin, le 15 août, c'est le débarquement allié sur la côte provençale. Et, dès lors, tout se déroule très vite.
Le 21 août l'occupant fait sauter les installations portuaires de Marseille. Plus de 200 navires de toutes sortes sont coulés dans les passes et les bassins. Le pont transbordeur est détruit pour obstruer l'entrée du Vieux-Port.
Le 22, dans la soirée, les troupes françaises, commandées par le général de Montsabert, sont à Saint-Pierre-les-Aubagne.
Le 23 au matin, elles débouchent à Saint-Barnabé, au boulevard de la Madeleine, sur la Canebière.
La bataille pour la libération de Marseille commence, qui ne se terminera que le 28, par la capitulation du général Schaeffer. Durant ces jours,
la population de Marseille, soumise aux bombardements aériens, aux tirs des batteries du Frioul, du Fort Saint-Nicolas, du Racatti (La batterie allemande installée sur la butte du Racati (à l'emplacement de l'Ecole Maternelle Saint-Charles, rue Lucien-Rolmer) sera, prise à revers, comme cible par un canon court d'artillerie (canon 105. HM3), semi-enterré au milieu d'un terrain vague (actuel parking des Etudiants). Les deux blockhaus allemands seront finalement investis par les "Tabors" quelques heures après l'ordre de capitulation, après avoir fait plusieurs morts parmi la Résistance locale.), du Merlan... prise dans les combats de rue, menée par les Résistants qui, le 20, ont décrété la grève générale, se terre dans les abris. Près de Saint-Victor, des centaines de personnes ont trouvé refuge dans le fameux “tunnel du carénage”.
X, le tunnel du carénage.
24 aout, Arrivée à la préfecture de Marseille (où les combats se poursuivent) de Raymond Aubrac nommé commissaire de la République par le général de Gaulle.
Le 25, c'est la prise de Notre-Dame de la Garde.
Le 27, le fort Saint-Nicolas capitule à son tour.
Le 29 août, tandis que les cloches de la ville sonnent à toute volée, les troupes défilent sur le quai des Belges. Marseille est libérée! (Voir sur la libération de Marseille)

Mais, elle n'est pas, pour autant, rendue à la vie normale. Durant de longues semaines, un climat insurrectionnel rendra les choses difficiles. Situation exacerbée par les souffrances accumulées au cours de ces cinq années douloureuses, empoisonnée par la collaboration de certain, par les dénonciations, les arrestations, les déportations... Et, pendant plusieurs mois, l’Epuration va sévir, comme ailleurs dans le pays, douloureuse elle aussi, avec souvent sa justice plus ou moins expéditive laissant parfois libre cours aux vengeances personnelles et aux règlements de compte.

1945: Le 8 mai, l'Allemagne capitule sans condition. (Après la capitulation du III° Reich, les Alliés décident d'organiser le procès de Nuremberg pour juger les responsables nazis.)
Bientôt vont rentrer les prisonniers, absents depuis cinq longues années, les déportés, les jeunes envoyés de force au Service du Travail Obligatoire...
Mais bientôt, hélas, on va découvrir aussi avec effroi l'horreur des camps de concentration, l'étendue de la volonté nazie d'extermination, le terrible génocide du peuple Juif...
On parle souvent des camps de concentration hors des frontières de la France, il ne faut pas oublier que chez nous aussi la folie Nazie a exister. Tout près de Marseille le camp des Milles. Entrée du camp du Struthof
Il est difficilement imaginable qu'à une cinquantaine de kilomètres de Strasbourg, près de Schirmeck, sur le site de la belle vallée de la Bruche, en plein massif vosgien, dans le camp du Struthof, les meurtriers nazis aient sévi dans toute l'horreur de leur projet infâme.

23 juillet-15 août : Procès Pétain.

La guerre n'est pas encore finie. Dans quelques mois, la mort atomique s'abattra sur Hiroshima et Nagasaki...

voir

Le 6 août 1945, le B-29 Enola Gay, commandé par le colonel Tibbets Décolle de Tinian. Hiroshima, cible prioritaire, est dégagée. Au matin, l’unique bombardier lance l’unique bombe. Elle explose 40 secondes après son largage. La bombe, équivalente à 20.000 tonnes de TNT (20 kilotonnes), provoque la mort de 71.000 personnes, les mois et les années qui suivent, de très nombreux habitants meurent
des conséquences de la bombe.
Trois jours après, les Américains lancent une nouvelle bombe nucléaire au Japon, sur Nagasaki. Lancée par un B-29, la bombe Fat Man, est au plutonium. Elle fait 80.000 victimes immédiates. Le Japon capitule le 2 septembre 1945 en baie de Tokyo, à bord du cuirassé Missouri.
4-9 octobre : Procès Laval.
20 novembre : Le Tribunal militaire international installe ses assises à Nuremberg. Le verdict sera rendu le 1er octobre 1946.

Pertes humaines civiles et militaires de la Seconde Guerre mondiale
Total général : entre 40 et 52 millions de morts
dont environ 7 millions de déportés en Allemagne.


LES PERTES FRANCAISES
Les incertitudes subsistent même lorsqu'il s'agit de données officielles. Voici un tableau issu du J.O. Débats parlementaires assemblée nationale du 30 novembre 1954, demandé par les anciens combattants et victimes de guerre.
Morts de la guerre 1939-1945
MILITAIRES 205.707
MILITAIRES 1939-1945 121.446
ARMEE LIBERATION 77.615
DISPARUS 2 782
CIVILS 330.260
S.T.O. 40.000
DEPORTES POLITIQUES 65.000
DEPORTES RACIAUX 117.000
ACTIONS MILITAIRES 108.260
TOTAL 538.749

Marseille se prépare, avec joie et émotion, à accueillir ses prisonniers et ses déportés. Pour l'ensemble du département des Bouches-du-Rhône, on estime leur nombre à quelque 49 000 : 18 000 prisonniers de guerre, 6 000 déportés politiques, 25 000 jeunes enrôlés de force dans le S.T.O..
Tous reviendront-ils ?
Au cours des mois qui vont suivre, tant dans les locaux de la gare Saint-Charles que dans ce qui demeure utilisable des installations portuaires pour ceux qui sont rapatriés par mer, un accueil actif ouvre, à ceux qui reviennent, le plus profond du coeur de la cité.
Marseille, avec ses maigres ressources dont dispose le pays exsangue, s'efforce lentement de panser ses plaies, de déblayer et de relever ses ruines.
Sur cette photo on voit le char "Jeanne d'Arc" qui est déjà à sa place.
En face, quai du vieux port, on distingue les quartiers détruits par l'armée Allemande.
1946 : Début de la guerre d'Indochine (1946 - 1954)
En 1954, la descente aux enfers et la tragique fin de Dien Ben Phu. Le 28 avril 1956, les dernières troupes françaises quittent le Vietnam (qui sera réunifié, après une autre guerre, en 1976).
Le bilan des pertes subies par les troupes de l'Union Française de 1946 à 1954 s'élèvent à : CEF + Etats associés (non compris les supplétifs) : tués au combat et disparus : 77 334. Blessés : 84 270

à voir aussi sur le 2eme REP

Guetteur dans une tranchée.
Pièce de 10F (1949 Ø 2,6cm)


1950 : Marseille est alors en pleine reconstruction, à la suite des multiples atteintes, démolitions et dévastations, dues à la guerre.
Le déblaiement des bassins portuaire et la réparation des quais se poursuivent à un rythme accéléré.
La maison de Gabre (XVIe siècle)
Cette maison avait été épargnée lors de la destruction des vieux quartiers, mais comme elle été au milieu, elle fut déplacée, par une entreprise américaine, sur des rails et replacée à l'angle de la rue bonneterie.

Sur le quartier du Vieux-Port rasé en 1943, les nouveaux immeubles viennent de sortir de terre, leurs premiers occupants pourront en prendre possession en avril 1951. Déjà, des Chartreux à la Timone, on a entrepris la laborieuse couverture du Jarret.

La "Cité radieuse"
Au boulevard Michelet, la “Cité radieuse” de Le Corbusier, dénommé “la maison du fada” par bon nombre de marseillais, symbole d'une ère nouvelle, dont la construction a débuté en 1947, est maintenant pratiquement achevée (elle sera classée monument historique).
La ville d'ailleurs, commence à s'étendre, après les longues années de stagnation, et les tout nouveaux ensembles H.L.M., où vont s'entasser des milliers de mal-logés, sortent de terme comme la cité “Bellevue”, à la Belle-de-Mai, l'une des premières à voir le jour.
Bientôt les travaux d'agrandissement
de la Corniche vont commencer.
agrandir La Corniche, le tram 82B.

1952 : L'affaire Dominici

1954 : 1er novembre, début de la guerre d'Algérie (18 mars
...........1962, accords d’Evian, indépendance algérienne.)
On commence à couper les platanes de la rue de Rome...

L'autoroute nord est déjà bien avancé...

En cette année 1954, la télévision va progressivement envahir de ses ondes le ciel de Marseille, du Parc Chanot au sommet de l'Etoile, bouleversant les manières de vivre “d'autrefois” et inaugurant l'ère des “médias”. Marseille entre, dans ce que l'on pourrait appeler “l’époque moderne” de la cité phocéenne.

Avant de terminer cette incursion dans le temps, je ne voudrais pas finir sans vous parler de notre humour, qui parfois est un peu galvaudé où je dirais plutôt, mal compris par certaine personne. Monsieur Marcel Pagnol nous a très bien dépeint, notre humour consiste à dire d'une façon légère et fine des choses graves. C'est ainsi par exemple, dans "Fanny", le dialogue entre César et Escartefigue :
César : "Moi, par exemple je ne te demande pas si c'est vrai que ta femme te trompe avec le président des peseurs-jurés, n'est-ce pas ?. Est-ce que je te le demande ?"
Escartefigue : "Tu ne me le demande pas, mais tu me l'apprends ! O coquin de sort !."
Notre humour se plait aux contraste entre les paroles familières et les situations tragiques.
Un jour le curé de Roquevaire été très en colère contre ses paroissiens et pendant son homélie il leur dit :"si ça continue vous irez tous en enfer". Une voix s'élève dans l'assemblé : "Jeou, m'en fouti, siéou d'Oouruou!" (Moi je m'en fous, je suis d'Auriol!).
Ou encore, chez l'épicière : "Comment vous le voulez le fromage : un peu guindé ou qui s'abandonne ?".
Et enfin, on dit qu'il n'y a pas de samedi sans soleil ; et bien c'est que ce jour-là, la Vierge fait sécher les langes de l'Enfant-Jésus. Mignon non !

Telle est Marseille, tels sont les Marseillais rassemblés sous le regard de leur "Bonne Mère", Marseille en mouvement permanent, toujours un peu déconcertante, plus pudique qu'on ne le croit derrière les facéties.
Marseille incompréhensible, prétendent certains, mais Axel Tourski le disait admirablement en poète qu'il était : " On ne comprend pas Marseille, on l'ignore ou on l'aime, et si on l'aime on est perdu, pour tout ce qui est rigueur, froideur, raison cruelle et détachement ".
...Pour ne pas aimer Marseille, il ne faut pas aimer la vie...







"Es pas beou ce qu'es beou, es beou ce qu'é m'agrado"
(n'est pas beau ce qui est beau, mais ce qui me plait).