Occupation de la zone sud


Le 11 novembre 1942, les Allemands franchirent la ligne de démarcation qui, depuis 1940, séparait le nord de la France, placé sous administration militaire allemande, du territoire sur lequel s’exerçait la souveraineté du gouvernement de Vichy et occupèrent la «zone libre». Invasion à laquelle les autorités de Vichy ont donné l'ordre de ne pas s'opposer.
L’entrée des troupes allemandes, qui fit définitivement du traité d’armistice de 1940 une lettre morte, fut désignée comme étant une réponse au débarquement des troupes anglo-américaines en Afrique du Nord. Dans la matinée du 12 novembre, des colonnes motorisées de la Wehrmacht atteignaient la côte de la Méditerranée et tôt dans la soirée, des chars allemands roulaient sur la Canebière.

Le 12 novembre les première unités blindées
allemandes arrivent à Marseille

Chant des Panzer division "Panzerlied"

Les blindés allemands sur la Canebière
( Chars Panzer III )

Comme la souveraineté du gouvernement de Vichy devait rester formelle, les pouvoirs du commandant militaire allemand en France, von Stülpnagel, ne furent pas étendus officiellement au territoire nouvellement occupé. Ainsi, le responsable de la zone sud était le maréchal von Rundstedt, commandant en chef à l’ouest.
Von Rundstedt

Pour représenter les intérêts allemands vis-à-vis des autorités françaises, il installa à Lyon le poste d’un «commandant des armées du sud de la France».
De même, des organismes de liaison furent créés aux sièges des préfets régionaux, par exemple à Marseille l’état-major de liaison 894 (sous les ordres du général Mylo). La 328e division d’infanterie, commandée par le général von Tresckow, prit en charge le commandement militaire du secteur de Marseille à la fin de l’année 1942 et fut subordonnée au commandement supérieur à l’ouest et au groupe d’armée Felber stationné à Avignon.
Le groupe d’armée Felber contrôlait toute la côte méditerranéenne de la frontière espagnole jusqu’à la baie de La Ciotat.
La marine de guerre, de son côté, envoya à Marseille un commandant du port et, comme l’occupation de la ville était économiquement intéressante en raison de l’importance de la flotte marchande, une délégation des armateurs hambourgeois sous la direction du commissaire au Reich pour la marine, Kaufmann, se mit en route vers le sud pour confisquer le tonnage de la flotte française.
Parallèlement, les SS commencèrent à s’installer. Himmler s’intéressa tout particulièrement au développement de Marseille comme il ressort des télégrammes envoyés à son délégué, le chef supérieur des SS et de la police en France, Oberg. A la mi-décembre 1942, un régiment de police SS formé spécialement dans ce but et commandé par le colonel Griese arriva à Marseille. Il devait manifestement non seulement prendre des mesures policières, mais aussi se charger de fonctions militaires défensives dans la ville. En tout cas, les SS et la Wehrmaeht s’étaient déjà mis d’accord à la fin décembre sur un partage des tâches dans le domaine militaire. Peu de temps après son entrée dans le sud de la France, la Wehrmacht participa, sous prétexte de lutte contre la résistance et de sécurité militaire, aux mesures policières qui devaient se diriger d’abord contre la population juive.
Le 4 janvier 1943, en réaction à plusieurs attentats* armés perpétrés par des résistants communistes à Marseille, le commandant en chef à l’ouest décréta l’état de siège.
En fait, des attentats contre les forces d’occupation en France n’étaient plus chose rare à cette époque. L’administration militaire et les chefs SS (qui tenaient en main, depuis le printemps 1942, les pouvoirs de la police dans la zone occupée) avaient réagi avec des représailles comme par exemple des exécutions massives d’otages et la déportation de communistes et de juifs, sans pour autant considérer que la sécurité et l’ordre en France étaient vraiment en danger.
D’un autre côté, le mouvement français de résistance ne possédait pas encore, dans la population, cette base importante qu’elle devait avoir à partir de fin 1943 jusqu’à la libération. Les Allemands eux-mêmes savaient, qu’en occupant la zone sud, ils devraient compter sur quelques actions isolées de résistance, cependant ils ne prirent jusqu’alors aucune mesure de terreur envers la totalité de la population française, comme cela devait être le cas en 1944.
L’exécution de l’état d’urgence était du ressort du groupe d’armée Felber et de la 328e division d’infanterie stationnée à Marseille.
L'état-major de la 328e division d’infanterie se trouvait à l'hôtel Noailles.


* Il y avait déjà eu, le 2 décembre 1942, des attentats à Marseille. Le 3 jan­vier 1943, il y eut à nouveau deux attentats à la bombe, un attentat était dirigé contre l’hôtel Splendide, un autre attentat contre une maison dc tolérance réquisitionnée par les Allemands. Les deux actions ont été exécutées par le groupe marseillais de résistants des F.T.P-M.O.I.


D'après le journal de guerre de la 335e division d'infanterie : "A 19 heures, on dépose un engin explosif devant le Grnad Hôtel (lieu d'hébergement de l'état-major) et à 21 heures 25 devant l'hôtel Rome et St. Pierre (lieu d'hébergement de la compagnie de propagande). Un civil français est légèrement blessé devant le Grand Hôtel et un véhicule des actualités de la compagnie de propagande endommagé devant l'hôtel Rome et St. Pierre." (le 2 12 1942)

Du Journal de guerre du commandant du port de Marseille : ..."Les communistes ont déposé cette semaine et la semaine dernière quelques bombes légères sans grande importance..." (30-11 et 6 12 1942)
- Du même journal : "21 heures 35, attentat sur un tramway à Marseille. Grièvement blessés trois membres de la marine et un matelot allemand de la flotte de commerce." (le 22 1 1943)